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Esprits libres - épisode 10 : le monde d'après, par Gwendoline Gamboa et Mohamed Ouachen

jeudi 2 juillet 2020

Les meilleures choses ont une fin, ainsi en va-t-il de notre série "Esprits libres" ! Tournés vers l'avenir, terminons par un très bel épisode consacré au monde d'après... comment les artistes Gwendoline Gamboa et Mohamed Ouachen le voient-ils ? En tout cas, nous avons hâte d'y être, et sommes encore une fois heureux et fiers de vous dévoiler leurs propositions !

 

 gwendoline


Un dessin de Gwendoline Gamboa. Pour en savoir plus sur son travail, rendez-vous sur son instagram, ou bien le site ou l'instagram sur Studio TABASS co, qu'elle a confondé.

“Parce que le monde d’après dépend de nous même, aujourd’hui.”

Les Survivant.e.s

Il était une fois des survivant.e.s qui échouèrent sur une île. Sur cette île, ils et elles durent s’organiser pour survivre.

La bonne nouvelle c’est que sur ce petit bout de bled, la nourriture ne manqua pas, beaucoup surent travailler la terre et certains mêmes furent de fabuleux bricoleurs et construisirent de petites cabanes.

Les rescapé.e.s se regroupèrent afin d’évaluer les compétences de chacun.e. Chaque personne dut offrir un « avoir », comme une monnaie d’échange. Ainsi naquit : « La Communauté Win-win ».

Pendant que les un.e.s s’organisèrent pour maintenir une économie basée sur le troc, d’autres se concentrèrent plutôt sur la possibilité de développer leurs compétences.

Je sais enseigner, dit l’un, ouvrons une école. S’ouvrit donc aussi un petit hôpital de campagne, un commerce, un petit restaurant, etc. Les devantures des petites maisonnettes en bois furent décorées d'échoppes où, en cacophonie, les artisans travaillèrent.

Tou.te.s finirent par mettre en pratique un « Avoir ». Sauf une personne. Elle erra entre les arbres, le jour et dormit, à la belle étoile, la nuit. Le travail n’était pas son truc donc elle fut exclue de tout privilège.

« La communauté doit assurer une stabilité politique. »

La démocratie.

1er article de loi : « Tout être a le droit de jouir des avoirs à condition que celui-ci en possède au moins Un. »

Celui qui ne voulut absolument rien faire s’en moqua. Les survivant.e.s préférèrent qu’il ne fasse pas partie des miraculé.e.s, tellement on le vit profiter de l’île sans rien donner (de sa personne) en échange.

Pourtant, les enfants l'adorèrent. Ils se réunirent, en cachette, pour écouter les contes imaginaires que, par la suite, les enfants, amusés, répétèrent aux autres camarades.

Un jour, alors que l’île fût à la pointe de sa croissance une pandémie déstabilisa les Win-win. Pendant 181 jours et 181 nuits. Le taux de suicide explosa, les plus faibles moururent du virus et d’autres voulurent quitter l’île. Ils.elles perdirent toute croyance en eux.elles. La grande déprime impacta le vivre ensemble et la situation n’eut de cesse de s’empirer chaque jour qui passe.

Une chose intrigua les rescapé.e.s qui ne comprirent pas pourquoi les enfants furent épargnés et toujours d’humeur joyeuse. Les habitant.e.s de l’île partirent donc à la recherche du lieu où les enfants se réunissaient secrètement. Ils.elles découvrirent avec stupeur, dans un espace ouvert, une scène et des branches de marionnettes. Un.e fantaisiste mima aux enfants venus en masse, des émotions accompagnées par ces petits personnages en bois. Les enfants hypnotisés par le talent de l’artiste rirent à gorge déployée, dansèrent et chantèrent en chœur. La stupeur laissa la place à l’assurance. Les adultes s’avancèrent discrètement et s’installèrent à côté des enfants, la joie prit place dans les cœurs, ils étaient subjugués par cet espace vide rempli de bonheur.

La communauté forma un seul corps dans lequel voyagea toute sorte de sensation agréable, à en oublier la vie quotidienne. Tous prirent conscience de l’importance de passer du temps à se divertir ensemble. Comme si la cohésion sociale, par l’art, permet la survie. Cet être spectaculaire avait effectivement un Avoir, c’est la Culture. Les habitants de l’île lui trouvèrent même un nom, Tonton Aristote.

Il fait bon vivre sur cette île à l’image de son harmonie. Les héros d’aujourd’hui sont les faiseurs de bonheur d’hier. Au milieu de cette île où ne vit plus personne on peut retrouver la statue de Tonton Aristote sur laquelle est écrit : Ici se repose notre confiance.

 

Mohamed Ouachen. Pour en savoir plus, visitez vite son site www.ouachen.be !