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Hommage à Jacques De Decker

mardi 14 avril 2020

Jacques De Decker nous a quittés ce 12 avril 2020. Renaud Maes, le président du Comité belge de la Scam, rend hommage à cet « érudit bienveillant », « acteur décisif du développement de la culture en général, et de la littérature et du théâtre en particulier dans notre pays ».

 

« Le décès d'un.e membre de la Scam est toujours un coup dur pour notre société, qui se fonde sur la gestion du collectif par le collectif des autrices et auteurs. Quelle que soit la reconnaissance dont elle/il a pu bénéficier, quelle que soit son aura médiatique, quel que soit son statut.

Mais le décès de Jacques De Decker, nouvelle victime du coronavirus, touche particulièrement le monde culturel belge et nous remue les tripes, tant il fut un acteur décisif du développement de la culture en général, et de la littérature et du théâtre en particulier dans notre pays.

Ses connaissances encyclopédiques (de l'histoire du théâtre et du cinéma mais aussi du journalisme, de la littérature...) et ses conseils avisés dont il aimait faire bénéficier ses étudiant.e.s et ancien.ne.s étudiant.e.s – toutes celles et tous ceux qui ont suivi ses cours au Conservatoire de Bruxelles se souviennent de lui avec des étoiles dans les yeux –, sa joie de dénicher un texte, un paragraphe, une phrase, son plaisir à digresser et à l'anecdote, tout cela faisait de lui une forme quasi prototypique de l'érudit bienveillant – modèle extrêmement rare dans un monde culturel souvent pris dans des logiques concurrentielles d'une rare violence, mais aussi dans l'enseignement qui a tendance à privilégier les hyperspécialistes pas trop remuants.

Il fut aussi [...] un fervent défenseur du statut des autrices et auteurs, du financement adéquat de la culture. Décodeur parfois impitoyable des turpitudes du monde politique (ce qui lui valut bien des inimitiés après la publication du Ventre de la baleine), il croyait pourtant profondément dans la nécessité de faire de la politique, de s'engager pour défendre des opinions et des projets, parfois utopiques. Même en tant que perpétuel (il soulignait parfois avec malice qu'il était surtout secrétaire, avant d'être perpétuel), il a déployé une énergie remarquable pour défendre la création culturelle et les institutions qui la soutienne, au moyen d'une combinaison subtile de sorties pleines de panache et d'un lobby aussi discret que méticuleux.

Son décès est donc une perte terrible pour les autrices et auteurs. Mais son héritage politique, intellectuel et créatif est bien vivant, et nous aurons soin, à La Scam et ailleurs, de le faire fructifier. »